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L’Esprit de la Forêt

Octobre 2014

Un soir d’été, un Tigrou est descendu du ciel avec sa fourrure d’étoiles et m’a murmuré qu’il voulait devenir mon compagnon. Il passa la nuit avec moi à me mettre des étoiles dans les yeux et des flèches d’argents dans le coeur. Au matin il partit.

Un soir d’automne, le Tigrou étoilé revint me voir et m’annonça que cette fois, il m’emmenait avec lui.

Viens, dit-​il, c’est un havre de paix dans ton monde d’adultes et, à l’automne, une vieille connaissance à moi y réside.… Par contre elle adore jouer à cache-​cache ce sera difficile de la trouver.”

Nous partîmes au matin sans un regard en arrière pour la folie des Hommes.

Nous commençâmes à chercher sur la cime des montagnes, là où l’air est cristallin et le silence pur. Deux biches s’esclaffèrent de nous voir monter toujours plus haut car elles, elles savaient bien que notre ami avait déserté les sommets. En effet la neige avait repris son droit sur la montagne, plongeant dans un sommeil réparateur les arbres et les clairières. En descendant la bise nous souffla qu’il était toujours là, qu’il fallait se dépêcher car il avait remis pour l’occasion ses plus beaux atours et que nous n’avions plus qu’à suivre le vent et le chant du silence pour le dénicher.

Nous nous lançâmes sur les sentiers des racines de la montagne, suivant l’or et le rubis ; l’émeraude et la malachite. Mais le chant des oiseaux nous accompagnait toujours malgré que, par instants, il nous semblait l’apercevoir. À un moment nous crûmes un peu le toucher mais ce n’était qu’un rocher à l’oeil sévère, interrompu dans sa sieste automnale. 

La pluie nous surpris à l’orée du bosquet aux lutins des bois. Trop tard pour leur dire bonjour. Il fallut repartir. La pluie né s’arrêta plus ; l’automne rutilant était parti, place maintenant à l’automne mouillé, à l’automne ami de l’hiver. Il fallut se faire une raison et retrouver la forêt de bitume des Hommes. 

Nous n’avions pu le trouver… 

L’Esprit de la Forêt.